Le Luxembourg a trois langues administratives : le luxembourgeois, le français et l’allemand. À ce trilinguisme officiel, parfois décrit comme une diglossie enchâssée en raison du maintien de fonctions différentes dans l’usage des trois langues du pays (Fehlen 2009, 48), s’ajoutent d’autres langues comme le portugais et l’anglais, témoins d’une proportion importante de personnes résidentes d’origine étrangère (STATEC 2021, 11).
Nous nous penchons sur cette réalité plurilingue en nous attardant au paysage linguistique, un domaine jusqu’à maintenant peu exploré en contexte luxembourgeois. Pour ce faire, nous proposons une analyse d’un corpus de près de 250 photos prises en juillet 2022 dans l’Avenue de la Liberté (lb. Nei Avenue, ‘Avenue nouvelle’). Totalisant plus de 400 différentes unités d’affichage (institutionnel, publicitaire, commercial, etc.), notre corpus mise sur une représentation exhaustive de l’ensemble du paysage linguistique de cette artère commerciale importante qui relie la gare centrale de Luxembourg aux vieux quartiers de la capitale. L’approche adoptée pour l’analyse des éléments de signalisation relève de la géosémiotique (Scollon et Scollon 2003), une sémiotique des positions permettant de considérer à la fois la disposition, la préséance et la fonction des langues en présence dans le paysage linguistique étudié.
À l’instar de Moser (2020, 203), nous observons une prédominance du français dans le paysage linguistique de l’Avenue de la Liberté du quartier de la Gare à Luxembourg-ville, ce qui correspond à la place de plus en plus importante du français comme langue véhiculaire au Grand-Duché (Fehlen 2013). En dépit de la sous-représentation apparente des langues luxembourgeoise et allemande dans le paysage linguistique analysé, nous constatons toutefois une diversité linguistique qui va bien au-delà du trilinguisme officiel et qui témoigne, de ce fait, des diverses réalités linguistiques du Luxembourg d’aujourd’hui.
Bibliographie
Le contact entre l’espagnol et le nahuatl de la Huasteca, langue uto-aztèque parlée au Mexique, a déclenché un bouleversement dans l’expression linguistique des informations nouvelles. Ce travail démontre que l’emploi des prépositions dans les expressions de possession et de substance en nahuatl de la Huasteca, là où il y aurait eu un préfixe en nahuatl classique, est motivé par son utilité dans la thématisation. Le nahuatl classique du XVIe siècle marquait les relations de possession avec des préfixes : le nom possédé portait un préfixe indiquant sa relation avec le nom possesseur (Campbell 1986). En espagnol, c’est le possesseur qui est marqué par la préposition de. Or, le nahuatl de la Huasteca possède une préposition, tlen, dont les fonctions chevauchent celles de de en espagnol. Toutes les deux sont aptes à coder la possession aussi bien que la substance d’un objet (Hill and Hill 2004, Hober 2019, Takhtaganova 2021).
Entre la préfixation, l’incorporation nominale, et l’emploi de tlen existe une distinction importante. Tlen marque le thème de l’énoncé, une information nouvelle, alors que la préfixation et l’incorporation nominale font partie des informations données. Le complément de tlen, au lieu d’être un pronom, a tendance d’être un DP, caractéristique des nouvelles informations (Nichols 1986; Givón 1983). En revanche, tlen est incompatible avec la possession inaliénable, où la préfixation et l’incorporation nominale dominent. Des contrastes stylistiques de marquage de tête et dépendant ont été observés dans les langues amazoniennes comme le Yarawara (Everett 2006), et offrent un indice linguistique sur le changement des figures de style linguistiques dans les langues amérindiennes en contact avec les langues romanes coloniales.
Bibliographie
This paper investigates the status of rhotic consonant(s) in the phonology of Modern Irish (Gaeilge, Nua-Ghaeilge), a minority language indigenous to the island of Ireland (Éire). Despite the presence of [ɹ] as an allophone of the traditional rhotics /ɾj/ and /ɾɣ/ having been recently attested in some studies, the nature and occasion of its appearance has been effectively ignored. Scholarship on the language has been slow to accept the reality of a rapidly changing Irish, with a shifting speaker base and media landscape. Using the results of an experiment conducted with native speakers as well as high-level L2 users of Irish, I argue firstly that the inventory of Irish rhotics ought to be reconsidered to account for the wide variation present in the data, particularly as it relates to the predominance of the alveolar approximant [ɹ]. The experiment I conducted consisted of two reading tasks, a word list and short passage, yielding at least 150 tokens per speaker. The results showed a preference for [ɹ] and its variants across speakers and environments, eclipsing [ɾ] and its variants. Even among native speakers with conservative speech patterns this remains true, although there is evidence that those speakers maintain the palatalized/non-palatalized distinction with the approximant. This points to a seismic sound change occurring in Irish, one that is likely brought on through sustained contact with dialects of English now dominant on the island, which are by-products of over half a millennium of colonial occupation. Previous work of the rhotic of Montréal French has shown that changes like this can occur rapidly, sometimes within the lifetime of a single speaker. As such, this paper serves as a pilot inquiry into the phenomenon with broad implications for Irish and may offer insight into other similar sound changes occurring in minority languages, and languages undergoing revitalization.
Keywords:
Modern Irish, phonetics, rhotics, language change
Les premiers travaux sur la morphologie des sacres en français québécois suggèrent que leur morphologie serait productive (Charest 1974; Bougaïeff 1980; Légaré et Bougaïeff, 1984) :
Problématique : Les sacres actuels ne sont plus les mêmes qu’avant (Dostie 2015a; Dostie, 2015b). Dans le cas des sacre-verbes, leur productivité dépend d’un rapport avec un prototype de sacre (PS). Ce PS résulte du degré de vulgarité et de proximité avec le sens lexical que les locuteurs.rices associent aux sacres (Dostie 2015a). Plus un sacre se rapproche du PS, plus il peut prendre davantage de variantes morphologiques, dont des sacre-verbes préfixés. Cela forcerait les sacre-verbes à s’utiliser dans une structure ditransitive (Blanchet 2017). Par exemple, en (3), en plus du sujet, le sacre-verbe possède deux objets. L’objet direct décrit le patient de l’action et l’objet indirect décrit la cible à laquelle l’action est dirigée (Larrivée 2007) :
Expériences : Dans un premier temps, une expérience menée avec 24 participant.e.s m’amène à dire que câlisse, crisse et tabarnaque sont les plus proches du PS. Ils pourraient ainsi s’employer comme sacre-verbes avec les préfixes re-, dé-, et contre- dans les énoncés ditransitifs. Dans un second temps, les jugements de 83 autres participant.e.s ont été recueillis afin d’évaluer le caractère naturel de la préfixation des sacre-verbes dans les énoncés ditransitifs.
Résultats : Les études antérieures affirment que la productivité des sacre-verbes dépend d’un rapport avec un PS. Toutefois, mes résultats s’opposent à cela, car aucun sacre-verbe ne peut être préfixé dans les énoncés ditransitifs. De plus, tabarnaquer est un sacre-verbe jugé peu probable.
Contribution : Je montre que les locuteurs.rices ont conscience que la productivité de sacre-verbes préfixés n’est pas libre. Cette productivité implique plutôt qu’il y ait un sens différent pour chaque préfixe, mais aussi que ces préfixes imposent le type d’objet direct/indirect qui doit suivre le sacre-verbe. Je propose finalement qu’un modèle fondé sur un PS ne puisse pas décrire adéquatement la préfixation des sacre-verbes.
Références